Sam Urano assume de nombreux rôles. Elle est avocate, épouse, mère de deux enfants, membre de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et membre de la nation métisse, dont les racines remontent à la colonie de la rivière Rouge, au Manitoba.
Toutes ces appellations sont importantes pour Urano, mais dans les jours qui précèdent la Journée du chandail orange, elle s'efforce tout particulièrement de parler à ses enfants de leur patrimoine autochtone.
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« Je veux que mes enfants sachent qui ils sont, d'où ils viennent et qu'ils soient fiers de leur héritage autochtone », explique-t-elle.
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, également connue sous le nom de Journée du chandail orange, donne à Urano et à d'autres parents du Canada l'occasion de prendre part au dialogue sur l'histoire mouvementée du Canada avec ses peuples autochtones et de mettre l'accent sur le deuxième grand commandement d'aimer son prochain (Matthieu 22:39).
Quelle est l’origine de la Journée du chandail orange?
Phyllis Webstad, une Secwēpemc du Nord (Shuswap) de la Première Nation Stswecem'c Xgat'tem (bande de Canoe Creek), avait 6 ans lorsqu’elle a été arrachée à sa famille et à sa culture, comme beaucoup d'autres enfants autochtones, et envoyée dans un pensionnat. Avant qu'elle parte de la maison, sa grand-mère lui avait acheté un chandail orange vif avec des lacets sur le devant. La petite Phyllis en raffolait. Quand elle est arrivée à l'école, ses vêtements ont été remplacés par un uniforme et elle n'a jamais revu le chandail qu'elle aimait tant.
« La couleur orange m'a toujours rappelé cet événement et la futilité de mes sentiments, comment personne ne se souciait de moi et comment j'avais l'impression de n'avoir aucune importance. Nous tous, les petits enfants, pleurions et personne ne s'en préoccupait », a relaté Webstad.
La Journée du chandail orange, qui a lieu le 30 septembre, vise à rendre hommage aux enfants autochtones qui ont été envoyés de force dans les pensionnats du Canada. Environ 150 000 enfants métis, inuits et des Premières Nations ont été placés dans ces écoles gérées par l'Église entre les années 1860 et 1990. Ils n'étaient pas autorisés à parler leurs langues ancestrales et ont été contraints d'adopter le christianisme. Tout cela avait pour but de les assimiler à la société canadienne. En 2008, le gouvernement a présenté des excuses officielles aux peuples autochtones du Canada.
Comment enseigner aux enfants
« Il ne suffit pas de se souvenir des enfants qui ont été touchés par les pensionnats seulement la journée du 30 septembre », explique Urano. Cette dernière, qui a effectué un stage à l'Aide juridique de la Colombie-Britannique, qui a aussi été avocate au Service juridique de la communauté autochtone de Vancouver, en Colombie-Britannique, et qui avait travaillé auparavant dans le domaine du droit de la famille et de la protection de l'enfance explique ceci : « Lors de cette journée, il est question de l'avenir et de la manière dont nous pouvons prendre des mesures positives en vue de la réconciliation. Et il n'y a pas de meilleur endroit pour commencer qu'avec nos enfants. »
En plus de vêtir ses enfants d'âge préscolaire de chandails orange le 30 septembre, Urano leur lit des livres adaptés à leur âge sur les pensionnats et leur enseigne l'histoire, la culture et le patrimoine métis.
Urano parle à sa fille de quatre ans de ce qu'ont dû ressentir les enfants autochtones « lorsqu'ils ont été arrachés à leur famille et à leur communauté à un jeune âge et qu'ils n'ont plus eu le droit de parler leur propre langue ». Elle ajoute ceci : « Ma fille et moi avons parlé des effets que cela a eus sur ces enfants et de ce que nous pouvons faire maintenant. Je dis à mes enfants qu'il faut être gentil avec tout le monde. »
Urano et ses enfants sont fiers de porter leurs mocassins perlés à fleurs, fabriqués par l'un de leurs nombreux cousins métis. Les Métis sont connus sous le nom de « peuple du perlage floral ».
En tant que membre de la Nation des Métis de la Colombie-Britannique (MNBC), Urano reçoit des colis de la MNBC qui contiennent des histoires, de l'artisanat et des ceintures métisses qui l'aident à transmettre son patrimoine autochtone à ses enfants.
Soyez gentils
« Ce n'est pas de l'histoire ancienne, explique Urano. Le dernier pensionnat du Canada a fermé ses portes en 1996. Lorsque j'étais stagiaire à l'Aide juridique de la Colombie-Britannique, j'ai représenté des parents autochtones devant les tribunaux. J'ai vu les répercussions persistantes du système des pensionnats sur les familles. Le fait de retirer les enfants à leurs parents à un jeune âge a empêché les enfants en pleine croissance d'acquérir de bonnes compétences parentales et leur a fait perdre leurs langues traditionnelles et leur lien avec leur culture. Ces pertes sont transmises de génération en génération et se font encore sentir aujourd'hui. »
Urano pense qu'il est important que la population canadienne dans son ensemble connaisse les facteurs qui ont contribué aux difficultés auxquelles sont confrontés de nombreux peuples autochtones aujourd'hui. Sinon, les non-Autochtones risquent de ne pas ressentir autant d'empathie et de bienveillance. « Tout le monde a un rôle à jouer pour faire avancer la réconciliation », explique-t-elle.
Chaque enfant compte
« Nous sommes tous des enfants de Dieu, dit Urano. C'est le message fondamental de la Journée du chandail orange : chaque enfant compte. Le Seigneur accorde de la valeur à tous ses enfants et nous devons suivre son exemple en étant gentils avec tous les gens de notre famille, de notre communauté, de notre école et de notre pays. »
Russell M. Nelson, le président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, a déclaré ce qui suit : « Nous sommes tous liés et nous avons la responsabilité, donnée par Dieu, de contribuer à améliorer la vie de ceux qui nous entourent. Nous n'avons pas besoin de nous ressembler pour nous aimer les uns les autres. Nous n'avons même pas besoin d'être d'accord les uns avec les autres pour nous aimer » (Discours donné lors du congrès de la NAACP le 21 juillet 2019).
Par Gail Newbold, du Conseil de la Communication du Canada