Enfant, Jessica Jahn avait du mal à rester concentrée à l’école. Elle rêvassait et se sentait souvent désorientée et incapable de suivre ses camarades de classe.
« Je ne me sentais vraiment pas très intelligente », se souvient-elle. Jahn s’est mariée jeune, puis elle a fondé une famille et a abandonné ses études postsecondaires, soulagée d’arrêter parce qu’elle ne se sentait « pas assez brillante pour continuer », a-t-elle expliqué.
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Pourtant, après la naissance de ses cinq enfants, Jahn s’est de nouveau inscrite à l’université, à l’âge de 39 ans. En 2021, elle a obtenu son diplôme avec distinction et une moyenne de 4,2. Jahn, une membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, attribue sa motivation pour reprendre ses études à la confiance qu’elle a acquise pendant des années de service bénévole pour son Église.
L’ascension vers la confiance
Le premier souvenir de son service dans l’Église remonte à l’époque où elle a été dirigeante de la marche des pionniers de sa congrégation de Langley, en Colombie-Britannique. Cette activité consistait, pour les jeunes, à reconstituer certaines expériences des premiers pionniers saints des derniers jours qui se sont rendus dans la vallée du lac Salé au milieu des années 1890.
Une des activités visant à renforcer la confiance des jeunes filles consistait à tirer une lourde charrette à bras jusqu’au sommet d’une montagne escarpée et rocheuse. « C’était fou », s’est remémoré Jahn. « Je me suis dit : pensent-ils vraiment qu’on va y arriver? Je suis petite, et les filles sont petites aussi; heureusement, nous étions très déterminées. Je n’arrêtais pas de dire : on peut y arriver! C’était l’une des choses les plus difficiles que j’aie jamais entreprises, mais nous avons atteint le sommet et nous étions tout simplement ravies. Nous avons appris plus tard que nous étions les seules femmes à avoir réussi. Nous nous sommes senties si fortes. »
Après cette activité, on a demandé à Jahn de présider l’organisation des Jeunes Filles de sa paroisse. « Avant l’activité de la marche des pionniers, je ne me serais jamais sentie capable de diriger un groupe de jeunes filles », a-t-elle expliqué. « Je n’avais qu’une vingtaine d’années à l’époque. J’ai découvert que les filles m’aimaient bien et ma confiance en moi a grandi. »
De nouvelles compétences surprenantes et le TDAH
D’autres occasions de travail bénévole ont suivi. Jahn a organisé et mis de l’avant un projet consistant à assembler des trousses d’hygiène destinées à la Fondation Ishtar de Langley, en Colombie-Britannique, un refuge pour les femmes victimes de mauvais traitements. L’événement a été rapporté dans le journal local.
Puis elle a commencé à travailler avec les jeunes de sa congrégation, cette fois en enseignant pendant l’École du dimanche et les classes matinales d’étude des Écritures. « Je me suis vraiment rapprochée des jeunes et nous avons partagé de beaux moments, a-t-elle dit. J’ai aidé les plus timides à sortir de leur coquille. Ils pouvaient s’identifier à moi parce que j’étais comme eux. Lorsque j’enseignais, je m’efforçais de faire appel à leurs différents styles d’apprentissage et de me concentrer sur les activités et les discussions plutôt que sur les cours magistraux. »
À la fin de sa période d’enseignement, Jahn a reçu de très belles cartes de remerciement de certains élèves qui expliquaient ce qu’ils avaient particulièrement aimé. « J’étais stupéfaite, s’est-elle rappelée. Je ne savais pas que je pouvais être douée pour l’enseignement, mais il semble que ce soit le cas. »
C’est à peu près à cette époque qu’elle s’est rendu compte qu’elle souffrait d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), un diagnostic qui n’est souvent pas posé chez les filles parce qu’elles se conduisent plutôt sagement. Elle comprenait maintenant pourquoi elle était incapable de se concentrer à l’école. Jahn a appris des techniques d’adaptation et a commencé à envisager de retourner aux études. Son mari, Len, l’a beaucoup soutenue dans cette voie.
Le plaisir d’apprendre
Jahn a commencé par s’inscrire à un cours de psychologie à l’Université Fraser Valley (UFV) pendant le trimestre d’été. « J’ai tellement aimé cela, se souvient-elle. J’étais enthousiaste tout le temps et pourtant le professeur n’était pas vraiment intéressant, sauf qu’il racontait de bonnes histoires. »
À l’automne, elle a suivi d’autres cours. La littérature anglaise était ce qu’elle préférait. « J’ai obtenu un A à la première dissertation que nous avons eu à rédiger, a dit Jahn. J’ai demandé à la professeure ce que je devais faire pour obtenir A+. Elle m’a trouvée un peu bizarre et m’a dit que j’écrivais très bien. Elle m’a néanmoins donné des conseils pour m’améliorer et nous avons développé une excellente relation. »
À partir de ce moment, Jahn était sur sa lancée. « J’aimais tous les cours et je me [sentais] revivre », a-t-elle relaté.
Deux ans et demi après son retour aux études, Jahn a obtenu son diplôme avec une moyenne de 4,2 et un sentiment d’estime de soi encore plus grand. « J’ai beaucoup aimé apprendre, a-t-elle expliqué. Cela a tellement enrichi ma vie. Cet apprentissage a fait de moi une personne plus ouverte, plus intelligente et plus heureuse. »
L’objectif de Jahn est de devenir institutrice. Elle a d’ailleurs été acceptée dans le programme d’éducation de l’Université Fraser Valley et a terminé son premier trimestre.
L’éducation fait partie du plan de Dieu
Jahn attribue à ses décennies de service dans l’Église le fait d’avoir pris confiance en elle et d’avoir compris qu’elle avait quelque chose à offrir.
« Je dis à mes enfants que, même si l’éducation ne mène pas à une carrière, apprendre est l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire pour ressembler davantage à Dieu et améliorer tous les aspects de notre vie », a-t-elle conclu.
Lors d’un discours prononcé à l’Université Brigham Young d’Idaho en 2010, Russell M. Nelson, alors apôtre, a déclaré ceci : « Soyez fidèle à vous-même. Ayez des attentes élevées – oui, exigez toujours plus de vous-même. Faites de votre éducation la priorité absolue. Obtenez toute l’instruction que vous pouvez. Pour nous, saints des derniers jours, l’éducation est une responsabilité religieuse. “La gloire de Dieu, c’est l’intelligenceˮ » (Doctrine et Alliances 93:36) (« Education: A Religious Responsability », 26 janvier 2010).
Par Gail Newbold, du Conseil de la Communication du Canada