Le 20 novembre 2025, l’École d’études religieuses de l’Université McGill accueillait John Durham Peters, spécialiste des médias, dans le cadre de la 11e conférence annuelle des saints des derniers jours. Le professeur Peters s’est adressé à une soixantaine d’étudiants et étudiantes et de membres du personnel à la chapelle patrimoniale Birks. Son allocution, intitulée « La rédemption des morts : conséquences morales des médias numériques » explorait la manière dont la technologie façonne l’éthique et abordait la notion de rédemption à l’ère des registres numériques permanents.
M. Peters, titulaire de la chaire María Rosa Menocal et professeur d’anglais et d’études cinématographiques et médiatiques à l’université Yale, est un éminent historien des médias et théoricien social. Il est l’auteur d’ouvrages influents, notamment Speaking Into the Air: A History of the Idea of Communication (Parler dans le vide : une histoire de l’idée de communication) et The Marvelous Clouds: Toward a Philosophy of Elemental Media (Les merveilleux nuages : pour une philosophie des médias élémentaires).
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| Temple Square is always beautiful in the springtime. Gardeners work to prepare the ground for General Conference. © 2012 Intellectual Reserve, Inc. All rights reserved. | 1 / 2 |
Les réseaux sociaux et la difficile quête de rédemption
John Durham Peters a soulevé de grandes interrogations sur les conséquences de vivre dans un monde où la surveillance numérique et la consignation des faits et gestes sont omniprésentes. Il s'est demandé ce qui se passait lorsque les erreurs sont enregistrées de façon permanente. Quelle est la part d’indulgence au regard de la documentation en ligne? Pouvons-nous prêcher la repentance (c’est-à-dire le changement) dans un monde dominé par les médias sociaux?
Ces questions sont particulièrement pertinentes dans la mesure où les réseaux sociaux présentent souvent les gens sous un jour défavorable. « Comment envisager le concept du pardon et le débat public si chaque mot ou chaque geste est figé dans sa première version dans les archives perpétuelles d’Internet? », a demandé M. Peters.
Compte tenu de la pérennité des informations en ligne, a ajouté M. Peters, « Pouvons-nous nous relever, changer et progresser? » Ce dernier s’est également interrogé sur la notion de pardon dans un univers numérique qui met l’accent sur les erreurs et les faiblesses des individus, créant ainsi un contexte où l’immuabilité des données historiques prime sur la croissance et l’épanouissement personnels.
Le professeur Peters a souligné que l’engouement actuel pour les réseaux sociaux, jumelé à d’autres tendances sociales, engendrent une profonde méfiance de la parole, voire des documents et des registres officiels de nos institutions et de nos gouvernements les plus respectés.
Leçons tirées des enseignements de l’Église de Jésus-Christ
S’appuyant sur des recherches récentes en études des médias et sur les principes éthiques des saints des derniers jours, M. Peters a analysé comment la conservation des registres, la repentance et la réconciliation sont reliées aux technologies modernes.
Le professeur Peters a fait référence aux enseignements de Joseph Smith, prophète et fondateur de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui avait anticipé certaines de ces préoccupations modernes. Joseph Smith avait souligné l’importance spirituelle de la tenue de registres dans Doctrine et Alliances 128:8 : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux […]. » Parallèlement, il concevait toutefois un canon ouvert qui permette la révision et la rédemption, suggérant que les registres des méfaits passés ne devaient pas nécessairement lier les individus éternellement. Il croyait qu’il était possible de racheter les morts en changeant activement le passé par procuration.
Pour reprendre le point de vue de Joseph Smith, les médias pourraient documenter nos échecs, mais ils pourraient également avoir le pouvoir de nous libérer en permettant la révision et la réparation. Le professeur Peters soutient qu’Internet a nourri jusqu’à ce jour une culture impitoyable, laissant peu de place au changement ou à la rédemption.
Vers un Internet plus indulgent
John Durham Peters a proposé quelques solutions pour remédier à ce défi moderne. Tout d’abord, il a suggéré de promouvoir une culture d’indulgence et d’apprentissage ouvert afin que les gens puissent changer d’avis sans craindre d’être critiqués.
Deuxièmement, il soutient que nous pourrions nous inspirer de la doctrine des saints des derniers jours, telle qu’elle est décrite dans les révélations reçues par Joseph Smith, selon laquelle, lorsque nous changeons notre vie, Dieu ne s’attarde plus sur nos fautes et nos transgressions passées. Le professeur Peters a cherché à savoir de quelles façons nous pourrions à la fois honorer les registres historiques tout en prenant du recul pour laisser le passé derrière et prendre un nouveau départ.
Pouvons-nous donc nous remettre des témoignages sans pitié laissés à notre sujet sur les réseaux sociaux? « Oui », a affirmé John Durham Peters, qui a conclu par un appel en faveur d’un Internet plus tolérant qui permette la révision, le pardon et le renouveau.
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