Communiqué de presse

Une grand-mère autochtone et sainte des derniers jours raconte des histoires avec une morale

Dans les années où Priscilla Yellowhead Tobey a grandi à Honey Harbour, en Ontario, la Journée nationale des peuples autochtones n’existait pas. Cette journée vise aujourd’hui à reconnaître et à honorer la riche culture et les réalisations des nations des Potawatomis et des Ojibwés dont elle est membre et de toutes les autres nations autochtones au Canada.

Yellowhead Tobey, une membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours de 75 ans, a expliqué que les peuples autochtones du Canada n’étaient pas toujours traités avec gentillesse ou équité à l’époque. Et dans de trop nombreux cas, des sévices graves et des décès sont survenus, dans des pensionnats, par exemple.

La vie n’a pas toujours été douce non plus pour Yellowhead Tobey, mais elle est heureuse. Son visage souriant rayonne quand elle évoque ses années d’enfance au Canada, sa conversion à l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours lorsqu’elle avait trente ans et sa carrière de conteuse.

Dans la légende bien connue du bon loup et du méchant loup, une question est posée : quel loup gagnera? La réponse est simple : c’est le loup que nous nourrissons qui sera vainqueur. Yellowhead Tobey sait que son bonheur vient du fait qu’elle choisit de « nourrir le bon loup », celui qui symbolise la joie, la paix, l’amour, l’honnêteté, le courage, l’humilité, la vérité, le respect, la compassion et la foi.

Grandir à l’extérieur de la réserve

« Mon grand-père ne voulait pas que nous grandissions dans la réserve, alors je n’ai rencontré ma famille élargie que quand j’avais dix ans et que nous sommes allés à l’île Christian – maintenant appelée la Première Nation Beausoleil – où ils habitaient tous », se remémore Yellowhead Tobey. « Avant cette visite, je pensais que nous étions les seuls Indiens. Nous sommes allés à une fête des récoltes sur l’île et nous avions revêtu des tenues traditionnelles. Nous sommes descendus du bateau, avons marché jusqu’à l’endroit où ils dansaient et je me suis exclamé : “Ça alors, Papa, regarde tous ces Indiens!ˮ. Je n’en avais jamais autant vu en un seul endroit. »

Yellowhead Tobey parle d’elle-même et de son peuple comme des « Indiens », même si elle sait que les termes courants plus appropriés sont « Autochtones » ou « Premières Nations ». « Je peux bien employer le terme “Indienˮ autant qu’il me plaît puisque je suis moi-même Autochtone, a-t-elle expliqué, et c’est ce que j’ai toujours utilisé, mais les non-Autochtones ne sont pas censés employer ce mot. »

Bien qu’elle n’ait pas vécu dans une réserve, Yellowhead Tobey a appris les coutumes et les légendes des nations dont elle est membre. Elle se souvient d’autres Premières Nations qui venaient échanger des baies et du poisson contre des médicaments avec sa grand-mère. « Ils apportaient des couvertures et des oreillers pour passer la nuit », a-t-elle dit. « Et nous leur préparions un endroit où dormir. Les gens de mon peuple ne demandent pas “Avez-vous faim? Avez-vous soif? Voulez-vous rester pour la nuit?ˮ. Ils vous nourrissent, vous donnent à boire et vous préparent un lit sans qu’on le leur demande. »

Être Ojibwée dans une école catholique

Selon Yellowhead Tobey, les religieuses de l’école catholique qu’elle fréquentait ne traitaient pas toujours les élèves autochtones aussi bien que les autres élèves. « Les enfants blancs portant des noms français n’étaient pas traités comme les Indiens, mais leurs parents avaient en fait des ancêtres indiens et ils ont maintenant des cartes de statut complet », a-t-elle dit. « Ils pouvaient parler français toute la journée, mais nous étions sévèrement punis si nous utilisions un mot autochtone, même si c’était seulement le mot “aaniˮ qui signifie bonjour. »

Une nouvelle foi

Lorsque Yellowhead Tobey s’est jointe à l’Église quand elle avait trente ans, sa famille élargie a été très mécontente de son choix. Son oncle l’a reniée. Ce fut une période éprouvante et confuse pour elle.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi ces choses se sont produites », se remémore-t-elle. « Je n’ai jamais essayé de faire adhérer les membres de ma famille à l’Église, et je ne les ai jamais jugés parce qu’ils avaient des valeurs différentes. Je me suis jointe à l’Église parce que les missionnaires ont répondu aux questions que je me posais depuis toujours, par exemple d’où je venais, pourquoi j’étais ici et où j’allais après cette vie. »

Le parcours vers la narration

Lasse des conflits familiaux, Yellowhead Tobey a fait don de toutes ses possessions et est partie, sans destination précise, dans une Cadillac de 1965 avec ses cinq enfants. « Les enfants devaient apporter trois tenues chacun et leur objet préféré », s’est-elle souvenue. « À la frontière de Buffalo, je leur ai demandé “On va vers l’est ou vers l’ouest?ˮ. Nous avions 1 000 $ en poche. Nous sommes arrivés à Provo, dans l’Utah, avec 530 $ et nous avons trouvé une chambre d’hôtel pour 25 $. Les gens de l’hôtel ont été si gentils avec nous. »

Yellowhead Tobey a trouvé un emploi et un logement, a inscrit ses enfants à l’école et a vécu en Utah de 1977 à 1999, date à laquelle elle est revenue au Canada.

Avant de revenir au Canada, et quand ses enfants étaient adultes, elle a servi une mission pour l’Église au temple de Washington D. C. Alors que sa mission tirait à sa fin, elle s’est demandé ce qu’elle allait faire ensuite.

« En me promenant dans un parc, j’ai entendu la voix de ma grand-mère me raconter une histoire », a-t-elle dit. « Je l’ai répétée à mes deux colocataires. Elles l’ont tellement aimée qu’elles ont invité une trentaine de personnes à notre appartement pour venir l’entendre. Quand j’ai eu fini de raconter cette histoire, j’en ai raconté une autre. Puis une autre. Des contes ont continué à me venir à l’esprit pendant environ une heure. »

Une institutrice de Virginie présente à la soirée lui a demandé de réciter ses contes à l’école où elle enseignait. C’est ainsi qu’a commencé une nouvelle carrière pour Yellowhead Tobey. Dans les années qui ont suivi, elle a raconté des histoires dans des écoles, des résidences pour personnes âgées, à des pow-wow et dans de nombreux autres endroits aux États-Unis, au Canada et en Europe. « J’ai toujours raconté des histoires à mes enfants quand ils étaient petits, mais je n’aurais jamais pensé pouvoir en vivre », a-t-elle expliqué.

Des contes de son cru

Étonnamment, ses histoires ne sont pas les traditions bien connues des aînés des nations dont elle est membre, bien qu’elle soit issue d’une longue lignée de conteurs. Comme elle l’explique elle-même, ses contes naissent de son imagination ou de ses rêves. Elle ne les écrit pas, et toutes ses histoires font référence à des Autochtones et comportent une morale ou une leçon.

« Une fessée en guise de discipline peut fonctionner à court terme, mais si on vous raconte une histoire contenant une morale, votre bon comportement pourrait être plus durable », a-t-elle conclu.

Aujourd’hui, Yellowhead Tobey est en grande partie à la retraite, mais il lui arrive occasionnellement de raconter des histoires ou d’organiser des ateliers sur la confection de mocassins, de bâtons de marche ou de trousses de guérisseur. Elle habite Tobermory, une péninsule où se rencontrent la baie Georgienne et le lac Huron. Elle espère visiter tous les temples de l’Église dans le monde et aimerait se remarier.

À propos de la Journée nationale des peuples autochtones, elle a déclaré : « Je suis heureuse qu’une Journée nationale des peuples autochtones ait finalement été instaurée, mais ce n’est qu’un jour pour reconnaître que nous sommes une partie importante de ce pays. »

Comment les saints des derniers jours et les autres Canadiens peuvent-ils prendre part à la Journée nationale des peuples autochtones? Voici sept idées d'activités qui peuvent être réalisées toute l'année pour en apprendre davantage sur le patrimoine autochtone au Canada :

  1. Apprenez quelque chose à propos des peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuits de votre région, notamment leurs histoires, leurs réalisations et leurs contributions.
  2. Renseignez-vous sur les territoires traditionnels de votre région (une ressource utile est https://native-land.ca/?lang=fr). Apprenez les noms des peuples qui ont historiquement pris soin de ces terres. Reconnaissez les manières dont vous partagez et aimez la terre où vous vivez.
  3. Regardez des films, lisez de la littérature et intéressez-vous aux œuvres d’artistes et d’auteurs autochtones. Suivez les organisations et les nouvelles autochtones sur les médias sociaux.
  4. Recherchez les événements des communautés autochtones ouverts au public dans votre région. Assistez-y et apprenez quelque chose à leur sujet.
  5. Portez-vous volontaires pour offrir des services ou aider à amasser des fonds pour une organisation ou une œuvre de bienfaisance autochtone.
  6. Apprenez à vous présenter dans la langue autochtone du territoire sur lequel vous vivez (une ressource utile est https://www.firstvoices.com/).
  7. Suivez le conseil du président Russell M. Nelson : « J’exhorte nos membres du monde entier à montrer la voie en abandonnant toutes attitudes et actions empreintes de préjugés. Je vous supplie de promouvoir le respect de tous les enfants de Dieu » (« Laissez Dieu prévaloir », conférence générale d’octobre 2020).

Par Gail Newbold, du Conseil de la Communication du Canada

Pour lire cet article en anglais

Remarque concernant le nom de l’Église : Quand vous parlez de L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, veuillez utiliser le nom complet de l’Église la première fois que vous la mentionnez. Pour avoir plus de renseignements sur l’utilisation du nom de l’Église, consultez notre Guide de rédaction.